dimanche 30 décembre 2007

Jinayaat (l'outrage en état de sacralisation)

Le pèlerin doit préalablement purifier ses corps et âme avant de comparaître devant le Créateur durant le pèlerinage. Il se met en état de sacralisation avant même de pénétrer dans l’enceinte sacrée. Cet état spécial (état d’ihram) comporte des Interdits (mamoonaat) et des injonctions quasi-obligatoires (waajibaat) aussi bien que des actions permises (mubahaat). Il y a des choses qu’il ne faut absolument pas commettre et d’autres qu’il ne faut pas négliger en état d’ihram durant le pèlerinage.

Selon la jurisprudence islamique, ces violations et omissions s’appellent ‘Jinayaat’.

Toute action interdite commise et tout manquement impose le rachat de la faute par 4 types de sanctions expiatoires dépendant de la gravité, de la qualité et de la durée des infractions.

Les fautes commises peuvent être d’une longue durée ou d’une durée courte, ou les rites peuvent contenir des défauts partiels. De ce fait, ils sont classés comme des délits dont la commission est totale ou partielle et entraînent des sanctions diverses et au prorata.

Les quatre types de sanction-réparation sont :

  1. Badana : le sacrifice d’un chameau ou d’une vache ;
  2. Dam : le sacrifice d’un mouton, d’une chèvre etc ;
  3. Swadaqa : l’offrande d’un repas de 6 personnes aux pauvres ou une offrande équivalent, le swadaqat-ul-fitr ;
  4. Sawn : le jeûne durant trois jours ou dix jours.

Même si les violations, les fautes ou les manquements ont été commis par ignorance, par oubli, ou par nécessité (maladie par exemple), même si le pèlerin a été forcé de les commettre, dans n’importe quelle circonstance, il lui faudra payer l’amende appropriée aussitôt que possible, faute de quoi l’acquittement de l’amende deviendra quasi-obligatoire (wajib) avant son décès, et dans ce cas, si le paiement n’a pas pu avoir lieu, il lui faudra demander à ses héritiers de l’accomplir.

Les règlements concernant ces infractions sont dérogatoires au droit commun musulman. Ces règlements ne comportent que la réparation des infractions. Ces fautes ne sont pas considérées comme des péchés, sauf si les infractions ont été commises intentionnellement pour ensuite les réparer avec force de l’argent. Dans ce cas, outre l’amende à payer, l’auteur deviendra un pécheur et la probabilité que son pèlerinage ne soit approuvé est grande.

Il convient, à titre d’exemple, de citer quelques délits graves. Les rapports sexuels avant la première désacralisation impose le sacrifice d’un chameau ou d’une vache entière. Pour d’autres délits moins graves concernant le sexe, le sacrifice d’un caprin (mouton, cabri etc) est obligatoire. Si le pèlerin a une relation sexuelle tout en étant en état de sacralisation, son pèlerinage est annulé, l’auteur de la faute devra revenir l’année suivante pour faire le Hajj Kaza. Néanmoins, il lui faut quand même poursuivre les rites restant du Hajj annulé.

Le deuxième délit grave en importance est de tourner autour de la Kaaba pour le Tawaaf Ziyara en état d’impureté (janaba) ou pour une femme indisposée de graviter autour de la Kaaba (haiz-nifas).Dans ces cas aussi, il faudra sacrifier un chameau ou une vache pour réparer la faute. En revanche le Hajj n’est pas annulé.

Le troisième en importance, c’est la non-observance d’une obligation (wajib) ou l’observance partielle ou l’observance avec une faute. Le sacrifice d’un caprin (bouc, mouton etc.) est nécessaire comme rachat.

Pour d’autres violations moins graves ce sera un repas de six personnes pauvres, ou un swadaqa comme le swadaqat-ul-fitr ou trois jours de jeune.

En général, les sanctions imposées pour une faute ne sont pas interchangeables sauf dans certains cas. Sacrifier un animal le jour du sacrifice est un rite quasi obligatoire (wajib) pour le pèlerin qarin (Qiran) ou mutawatti (tamattu). Dans ce cas particulier, s’il n’a pas le moyen nécessaire, il peut remplacer ce sacrifice par un jeune de dix jours, trois durant le Hajj à partir du 1er Shawwal et jusqu’au 8 Zilhajj, préférablement les 6, 7 et 8 Zilhajj et les 7 jours restants dans son pays natal après le hajj.

Mais l’esprit du hajj lui-même ne demande pas de commettre des fautes pour ensuite les réparer. L’idéal pour le pèlerin en état de sacralisation c’est de ne pas commettre la moindre faute. Il ne faut pas qu’il oublie qu’il a un rendez-vous fixé avec Dieu le 9 Zilhajj. Dans ce contexte, il est vital pour le futur pèlerin d’avoir une formation complète sur le hajj en suivant des cours ou en lisant les autres textes mis en ligne, qui ne peuvent évidemment épuiser toute la matière, avant de s’embarquer à la rencontre de Dieu. Pour situer l’enjeu de cette rencontre, le Prophète (pssl) a dit en peu de mots : « Un pèlerinage sans défaut fait en toute piété vaut mieux que la vie de ce monde et ce qui s’y trouve. Un tel pèlerinage n’a d’autre rétribution que le paradis » (rapporté par Abu Huraira (ra).

Sur le même sujet, on peut aussi consulter :

Jinayaat of Ihram